Quart de finale et Debrief France

Ce qui est bien chez moi, c’est que les titres sont explicites. On va commencer par une grosse revue des 3 autres quarts, avant de vous plonger avec moi dans la foule d’un bar d’Annecy pour le match de la France.

Et c’est parti.

-Croatie-Brésil. Un match relativement fermé, malgré la qualité technique des deux équipes. Les Brésiliens vont pousser fort fort en fin de match mais tomber sur un Livakovic impérial. Il faudra attendre la prolongation pour voir des buts.

Le premier sera l’oeuvre de Neymar, qui effectuait son retour après s’être blessé lors du premier match. Servi dans l’axe à 25 mètres du but, il enclenche un premier une deux avec un de ses collègues peroxydés. Puis un second avec Lucas Paqueta. Il ne passe pas loin de se faire arracher dans la surface mais pour une fois, il décide de rester debout. Il efface subtilement Livakovic et marque dans le but vide. 105ème minute, ouverture du score et record du buts en équipe nationale égalé. Les Brésiliens pensent avoir fait le plus dur.

Mais voilà, dans le football, il faut défendre. Et ça, la Seleçao l’a oublié à la 116ème minute. Sur une transition croate, le repli est trop mal effectué, Orsic servi côté gauche peut venir ajuster un centre à ras de terre à l’entrée de la surface pour Petkovic qui frappe du gauche. La frappe est déviée par Marquinhos et Allisson est battu. 1-1.

La séance de tirs aux buts arrive, Livakovic va faire son show comme au tour précédent, sortant la tentative de Rodrygo et voyant le tir de Marquinhos s’écraser sur le poteau. Neymar, l’un des meilleurs tireurs du monde dans l’exercice, n’aura pas tiré, les Croates étant parfait de leurs côtés. 4-2 dans cette séance de tirs aux buts donc.

L’homme du match: Dominik Livakovic. Il a été ultra solide pendant tout le match, encore une fois. Il aura fallu une inspiration géniale de Neymar pour le faire céder. Le gardien croate sortira ensuite une des tentatives brésiliennes lors de la séance de tirs aux buts. Et ce sera suffisant.

Le floppeur : Neymar. Pas dans son match, où il a semblé pouvoir débloquer la situation avec son football, malgré son retour de blessure. Son but est d’ailleurs la preuve qu’il reste, quand il a décidé de jouer, un joueur de génie. Mais quand en 2022, avec la ribambelle de stats en tout genre qu’on a, on décide de prendre le 5ème tirs aux buts des siens alors que tout montrer que les séances n’y vont souvent pas, c’est vivre pour les caméras monsieur. Et ça c’est non, on ne s’échappe pas quand on est un vrai leader.

Le chiffre: 0. Comme le nombre de matchs remportés dans le temps réglementaire en phase finale de Coupe du Monde par la Croatie depuis 1998. Bon d’accord, ils n’ont accédé au second tour qu’en 2018 et en 2022. Mais quand même.

-Argentin-Pays-Bas. Un classique de la Coupe du monde. Une finale en 1978, un autre quart en 1998 et voici l’édition du cru 2022. Dans un match terne, tout s’est enflammé dans la dernière demi-heure.

Pourtant l’Argentine ouvre le score assez tôt, à la 31ème minute de jeu. Sur un attaque où les argentins sont clairement en sous nombre, Messi lâche une merveille de passe cachée, qui traverse les lignes et trouve Nahuel Molina, lancé seul dans la surface et qui va gagner son duel avec Noppert.

Et puis 73ème minute de jeu, Acuna est accroché par Dumfries dans la surface. Messi ne se fait pas prier et ajoute un but à sa collection, rejoignant ainsi Gabriel Batistuta au nombre de buts pour l’Argentine en Coupe du Monde (10). 2-0 on se dit que c’est plié.

Mais on va rentrer dans ce que le foot a de plus irréel (le sport en général d’ailleurs). Des scénarios romanesques et une délivrance que plus personne n’attend.

Tactiquement les Pays Bas tente quelque chose. Le pays du football qui se jouait à terre décide de jouer les pragmatiques en faisant rentrer Weghorst et De Jong, 1m97 et 1m88. Le but va donc être de balancer des ogives dans la surface de réparation et de claquer des grands coups de front. Côté argentin, on a fait rentrer Paredes et Pezzella. Le but est donc de se battre.

83ème, centre rentrant de Berghuis venu de la droite, Weghorst coupe d’une tête croisée au premier poteau, Martinez est battu. 2-1. Avantage tactique Pays-Bas.

88ème la pression monte, double tacle de boucher-charcutier de Paredes avant de shooter le ballon très fort en direction du banc des Pays Bas. On passe pas loin d’une bonne vieille bagarre générale, seulement 3 jaunes distribués mais les esprits s’échauffent. L’Argentine revient donc au score tactiquement.

10 minutes de temps additionnel, les esprits s’échauffent toujours mais le match touche à sa fin. Moment décidé par German Pezzella, pour faire une faute d’abruti fini à l’entrée de la surface. Coup franc ultra bien placé pour le pied gauche de Koopmeiners, qui s’élance pour frapper…. Et glisse un ballon astucieux à Weghorst, placé à côté du mur argentin. Le géant pivote et croise sa frappe, Emiliano Martinez est battu. 2-2 90ème+10.

Je suis sous le choc, l’action est tellement bien pensée, l’inspiration tellement belle. Il faut un courage frôlant la folie pour tenter ça sur une dernière action d’un quart de finale de Coupe du Monde, sur la balle décisive. T’as quand même 95% de chance de te rater,d’être ridicule et de passer pour un gland. Mais ça passe.

Je pensais les Argentins touchés, mais la prolongation sera globalement pour eux. Sans pour autant marquer.

Séance de tirs aux buts, encore donc. Van Dijk et Berghuis tombent sur Emiliano Martinez, on fire dans l’exercice,pour les deux premiers tirs néerlandais. Pas de raté pour les 3 tireurs argentins qui entament la séance. Enzo Fernandez va rater le sien, laissant le doute planer sur une double remontada dans le match. Mais malgré la pression mise par les joueurs néerlandais, Lautaro Martinez ne tremble pas au moment de concrétiser . Victoire 4-3 de l’Argentine, dans une ambiance délétère.

L’homme du match: Lionel Messi. Il est incontestablement le grand monsieur de ce 11. Sa passe pour Molina est un modèle du genre, une inspiration de génie. Il ne tremble pas sur son penalty ni sur son tir au but. Bref, il semble la quasi unique solution de l’Albiceleste pour débloquer les matchs.

Le floppeur: Mateu Lahoz. Monsieur l’arbitre a voulu faire de ce match un show dont il serait le principal acteur. Des cartons en pagaille, une gestion des conflits cata, une médiocrité soulignée par les deux camps. Bref, qu’on renvoie ce monsieur chez lui pour les demis,on l’a assez vu.

Le chiffre:17. Le nombre de cartons jaunes distribués par monsieur Lahoz dans le match. Nouveau record champion.

Maroc-Portugal. Nouveau match très serré. Preuve que tout le monde avait sa place dans ses quarts de finale.

Les Portugais ont eu le pied sur le ballon, mais le Maroc a montré une vraie solidité défensive et n’a jamais paniqué au moment de ressortir la balle. Felix fait trembler les Lions de l’Atlas mais voit sa tête repoussé par Bono, toujours aussi solide, en début de match.

C’est finalement le Maroc qui ouvrira le score,quand Attiat-Allah envoie un centre depuis le côté gauche. Youssef En-Nesiry s’envole littéralement, décollant à une hauteur folle, pour claquer une tête smashée. Diogo Costa, sorti pour capter le ballon, est devancé et l’ouverture du score est là. 42ème et 1-0 pour le Maroc.

Le Portugal ne passe pas loin de répondre, sur une volée excentrée dantesque de Bruno Fernandes, mais la barre transversale contrecarre les projets du milieu de Manchester.

A la mi-temps, Cristiano Ronaldo est lancé dans le bain, lui qui avait encore débuté sur le banc.

Le Maroc va perdre son capitaine sur blessure pendant le match, Romain Saiss sortant sur civière pour une blessure musculaire.

Et le Portugal va pousser. Fernandes voit sa tentative passer au dessus, Felix et Ronaldo échoue sur Bono, dans les arrêts de jeu, Pepe voit sa tête frôler le cadre.

Réduit à 10 après l’expulsion de Cheddira pour deux fautes bêtes, les Lions de l’Atlas auront une grosse balle de match mais Aboukhlal, rentré en jeu pourtant, n’aura pas la lucidité pour gagner son duel contre Costa.

Mais les regrets ne viendront pas, l’arbitre siffle la fin du match. Le Maroc est en demie et c’est possiblement le dernier match en Coupe du Monde de Cristiano Ronaldo,ainsi que ses rêves de gagner la compétition ultime, qui viennent de prendre fin.

L’homme du match: Sofyan Amrabat. Lui et son compère Ounahi sont d’incroyables joueurs de pied-ballon. Le milieu de la Fiorentina fait tout, du grattage dans les pieds adverses jusqu’à la relance propre. Il est l’une des pièces maitresses d’une équipe qui n’a encaissé qu’un but depuis le début de la compétition et qui ne semble jamais paniquer.

Le floppeur: Fernando Santos. Son choix fort de mettre Ronaldo sur le banc avait payé contre la Suisse,le retour de baton est ce qu’il est contre le Maroc. Le tacticien portugais n’a jamais trouvé la solution pour se sortir du guépier marocain. Un peu comme durant tout son mandat, il laisse une impression de gachis au vu de la génération exceptionnelle qu’il a eu en main.

Le chiffre: 1. Le Maroc est tout simplement le premier pays du continent africain à atteindre les demies-finale d’une Coupe du Monde. Moment historique pour tout une continent donc.

DEBRIEF FRANCE-ANGLETERRE.

Les quarts de finale sont là et l’ambiance qui va autour aussi. Fini de suivre les matchs tranquillement chez soi, surtout un samedi soir. 3 compagnons et moi même décidons donc de descendre des montagnes pour aller voir le match dans un bar à Annecy. Car, hormis dans un stade, il n’y a nul autre endroit plus sympathique qu’un bar pour prendre une bouffée énorme d’adrénaline durant un match de Coupe du Monde de son équipe nationale.

Nous rejoignons donc d’autres compagnons de fortune dans un bar anneciens, le Finn Kelly’s. Quoi de mieux qu’un pub irlandais pour botter l’arrière train des anglais? L’endroit est bondé, deux écrans sont installés dehors, la terrasse est elle aussi bondée et un double constat s’effectue: Oui on va être debout et voir le match difficilement mais tant pis et oui, on repassera pour la boisson, mais qu’importe.

A ma gauche s’installe un groupe de joyeux drilles à l’accent du sud chantant. Plus petits que moi (Rarement était aussi heureux de culminer à 1 mètre 90 que hier soir), l’un me demande si il peut monter sur mes épaules. Rigolard, je lui dis qu’on envisagera la chose à 3-0.

Le match débute dans une ambiance bonne enfant, la Marseillaise retentie pour la première fois de la soirée et tout le monde rive son regard sur la partie.

La tension est palpable. Un jeune homme au premier rang dont la chevelure cache en partie l’écran à mes nouveaux amis marseillais, fait les frais de leurs remarques. Lui demandant d’abord si il peut baisser la tête, il verra son absence de réponse provoquer d’autres remarques lui intimant d’à minima, mettre du gel pour que son épi ne cache pas l’écran.

Côté terrain, la délivrance est rapide. Mbappé vient mettre le bordel en rentrant dans l’axe du terrain balle au pied,mettant à mal le fameux plan Anti-Kyk’s de la Perfide Albion. Le ballon navigue jusqu’à droite, revient sur Griezmann,qui décale Tchouaméni, dont la frappe passe entre les jambes d’un défenseur anglais avant de se loger dans le petit filet gauche de Jordan Pickford. 1-0 à la 17ème,le bar explose de joie, ça saute dans tous les sens, quelques bières volent, l’euphorie est présente. Pour ma part, je pense que ce but devrait permettre la réintégration de Bordeaux en Ligue 1,le club formateur de Aurélien. Ni plus ni moins. Mais le match est encoree long.

Et long, ça il va l’être. Car après ce but, la France disparait peu à peu. Et les Anglais sont décidés à faire ce qu’ils font de mieux (pas la cuisine): nous casser les pieds.

Un premier coup-franc de Shaw est bien capté par Lloris. Puis Kane aspire l’âme de Upamecano avant de tomber de nouveau sur Lloris, impérial. Le capitaine français est décidément dans son match, puisque juste avant la mi-temps, il sort une frappe magnifique de Bellingham.

Tout le monde est sous tension dans le bar, les anglais mettent une grosse pression. Et ça se ressent dans les commentaires. L’homme à l’épi se voit proposer de passer une partie de sa chevelure à l’arbitre chauve de la rencontre, ce qui permettrait aux rangs derrière lui de mieux voir le match. Mi-temps donc mais rien n’est joué.

On essaye de récupérer nos voix comme on peut, les seuls bières que l’on verra sont déjà englouties, nous sommes toujours debout et en plus on tremble devant les assauts anglais. La seconde période va être encore plus longue.

Surtout que Saka est accroché par Tchouaméni dans la surface. Bordeaux est finalement à sa place en Ligue 2. Harry Kane prend le ballon et envoie une sacoche monumentale dans la lucarne du pauvre Hugo Lloris. 1-1 à la 52ème.

Les gens se sont encore massés devant l’écran pendant la mi-temps. Même moi je suis sur la pointe des pîeds pour voir l’écran et à la limite de l’arrêt cardique quand la tête de Harry Maguire vient lécher le poteau.

Il faut repasser devant. Les Marseillaises s’enquillent les unes après les autres. Ce serait un rêve pour tout membre du Rassemblement National si ce n’était pas pour encourager une équipe dont la multiethnicité fait ressortir des relents de racismes chez nos adversaires (et certains de nos « compatriotes »aussi, personne n’est dupe).

On a bien quelques occasions, à l’image d’une demi-volée de Rabiot sur une déviation de la tête de Giroud, ou d’une accélération de Mbappe,qui met enfin Walker dans le vent, dont Dembele n’arrive pas à tirer profit. Mais dans l’ensemble les anglais sont plus pressants, plus sereins avec la balle, que nous.

Une énorme occasion vient nous faire bondir une nouvelle fois. Mais la reprise plat du pied de Giroud manque de puissance et est boxée par Pickford en corner. Le corner qui va suivre est sorti par la défense, revient dans les pieds français, Griezmann est servi sur le côté gauche et envoie un centre qui trouve la tête de Olivier Giroud au milieu de 5 anglais, pour battre Pickford.

Là l’explosion est totale. J’enlace des inconnus à côté de moi, ça chante, ça saute, ça crie. Il n’y a plus grand chose de rationnel dans ces moments là. Qu’est ce qui peut provoquer une telle joie collective si ce n’est le football aujourd’hui? Rassembler des gens venues de partout, qui ne connaitront jamais le prénom de leurs voisins d’un soir, mais qui auront quand même célébré avec eux, dans une euphorie collective indescriptible.

Pourtant ce n’est pas fini, nous sommes à la 78ème et avec les nouveaux arrêts de jeu, c’est à minima 20 minutes qu’il reste à jouer.

Et si quelques « On est en demie » commencent à être entonné, dans grands « Fermez là, le karma » viennent leur répondre rapidement.

Surtout que l’équipe de France ne veut pas nous laisser sereins. Theo Hernandez met un coup d’épaule de déficient mentale dans le dos de Mount, alors que ce dernier ne semble pas pouvoir jouer le ballon. C’est dans la surface, check de la VAR, re-penalty.

Je suis vert, j’ai pas envie de voir ça. Kane se présente une nouvelle fois devant Hugo Lloris. Des « Hugo,Hugo » sont entonnés par la foule,comme si il pouvait nous entendre, comme si on allait lui filer notre puissance comme pour un Genkidama dans Dragon Ball. Et Kane décide de servir directement la Reine d’Angleterre sur son shoot (Rip Elizabeth et Harry pour le coup). Et comme le ballon,c’est une pluie de majeurs qui se lèvent dans le ciel. Désolé pour toi, mais le message est clair, va te faire mettre Harry.

Pourtant toute cette histoire n’est pas finie. Les Bleus s’arrachent, sans doute un peu trop d’ailleurs. Cela donne un dernier coup-franc très intéressant pour les Three Lions. Rashford s’élance, Lloris est battu, le filet tremble, mais parce que la balle est passée au dessus. Coup de sifflet final.

La montée d’adrénaline est extraordinaire, la communion entre tous aussi. Craquages de fumigènes, tir de feu d’artifice dans le ciel, le 14 juillet en plein mois de décembre. L’aventure continue, nous sommes en demie.

L’homme du match: Hugo Lloris.On aurait pu mettre Griezmann,encore génialissimme ce soir et auteur de deux passes décisives. Mais je vais mettre monsieur Lloris. Désolé Hugo, j’ai douté de toi. Tu m’as fais mentir. Merci monsieur d’être là. Prénom de roi (notre capitaine de soirée s’appelant lui aussi Hugo, c’est un double remerciement pour ma part)

Le floppeur: Harry Kane. Pourtant match démentiel de Harry, qui nous a fait vivre moult malheurs. Mais son penalty envoyé sur la Lune risque de lui provoquer quelques cauchemars dans les prochaines années. En football, les rêves des uns sont battis sur les cauchemars des autres. Désolé Harry, mais c’est nous qui continuons à rêver.

Le chiffre: 27. Avec ses deux passes décisives, Antoine Griezmann est devenu le meilleur passeur de l’équipe de France avec 27 offrandes. On vise les 30 jusqu’à la fin de cette Coupe du Monde Antoine.

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